Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec laquelle il abandonna son royaume et sa capitale. Dans le magnifique palais qu’il habitait hors des murs d’Alep, les Romains, pleins de joie, trouvèrent un arsenal bien fourni, une écurie de quatorze cents mulets, et trois cents sacs d’or et d’argent ; mais les murs de la place résistèrent à leurs béliers, et les assiégeans allèrent camper sur la montagne de Jaushan, située dans le voisinage. Leur retraite envenima les dissensions qui s’étaient élevées entre les habitans de la ville et les mercenaires ; ils abandonnèrent les portes et les remparts, et tandis qu’ils se chargeaient avec fureur dans la place du marché, ils furent surpris et écrasés par leur ennemi commun. On passa au fil de l’épée tous les hommes faits, et on emmena captifs dix mille jeunes gens. Le butin fut si considérable, que les vainqueurs n’eurent pas assez de bêtes de somme pour le transporter : on brûla ce qui en restait, et après dix jours consacrés à la licence, les Romains sortirent de cette ville dépouillée et sanglante. Dans leurs incursions en Syrie, ils ordonnèrent aux cultivateurs d’ensemencer les terres, afin qu’à la saison prochaine l’armée y trouvât des subsistances. Ils soumirent plus de cent villes ; et en expiation des sacriléges commis par les disciples de Mahomet, dix-huit chaires des principales mosquées furent livrées aux flammes. La liste de leurs conquêtes réveille pour un moment le souvenir des noms classiques d’Hiéropolis, d’Apamée et d’Émèse. L’empereur Zimiscès campa dans le paradis de Damas, et il accepta la rançon d’un peuple soumis : ce torrent