Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/469

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nés par un serment de soumission, de tribut et de service militaire, qu’ils renouvelèrent et violèrent souvent. Par une singulière conjoncture, les Esclavons du Péloponnèse et les Sarrasins de l’Afrique se réunirent pour former le siége de Patras. Les citoyens de cette ville se trouvaient à la dernière extrémité ; on imagina, pour ranimer leur courage, de leur persuader que le préteur de Corinthe s’avançait à leur secours ; ils firent une sortie qui eut du succès ; les étrangers se rembarquèrent, les rebelles se soumirent, et on attribua la victoire à un fantôme ou à un guerrier inconnu qui, dit-on, combattit au premier rang sous la figure de l’apôtre saint André. On orna des trophées de la victoire la châsse qui contenait ses reliques, et la race captive fut pour jamais dévouée au service et soumise au pouvoir de l’église métropolitaine de Patras. La révolte de deux tribus esclavonnes établies aux environs de Hélos et de Lacédémone, troubla fréquemment la paix de la péninsule. Elles insultèrent quelquefois à la faiblesse du ministère de Byzance, et quelquefois elles résistèrent à son oppression ; enfin, sur la nouvelle qu’une troupe de leurs compatriotes marchait à leur secours, elles arrachèrent une espèce de charte qui réglait les droits et les devoirs des Ezzerites et des Milengi, dont le tribut annuel fut fixé à douze cents pièces d’or. Le prince qui a fait la description des provinces de l’empire, a eu soin de ne pas confondre avec les Esclavons une race domestique, peut-être indigène, et qui pouvait tirer son