Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/472

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Il paraît que sous ce titre on comprenait les fabriques de toile, de laine, et surtout celles de soie : les premières florissaient dans la Grèce dès le temps d’Homère, et les dernières étaient en activité peut-être dès le règne de Justinien. Ces arts, qu’on exerçait à Corinthe, à Thèbes et à Argos, occupaient et nourrissaient un grand nombre d’individus ; on y employait, selon leur âge et leur force, les hommes, les femmes et les enfans ; et si plusieurs de ces ouvriers étaient des esclaves, leurs maîtres qui dirigeaient leurs travaux et qui en recueillaient les fruits, étaient d’une condition libre et honorable. Les présens qu’offrit à l’empereur Basile, son fils adoptif, qui les tenait d’une riche matrone du Péloponnèse, avaient sans doute été fabriqués dans les ateliers de la Grèce. Cette femme, qui s’appelait Danielis, lui envoya un tapis d’une très-belle laine, dont le dessin représentait les yeux d’une queue de paon, et qui était assez grand pour couvrir le pavé d’une nouvelle église qu’on venait d’élever en l’honneur de Jésus-Christ, de l’archange saint Michel et du prophète Élie : elle lui donna, de plus, six cents pièces de soie et de toile de différentes espèces et destinées à différens usages : les étoffes de soie, teintes en couleurs de Tyr, étaient ornées de broderies à l’aiguille ; et telle était la finesse des toiles, qu’une pièce entière pouvait se placer dans le creux d’un roseau[1]. Un historien

  1. Voyez Constantin (in vit. Basil., c. 74, 75, 76, p. 195-197, in Scriptor. post Theophanem) qui emploie un grand