Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/479

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de la pêche, et durant les chaleurs de l’été, ils cherchaient les lieux ombragés et rafraîchis par les brises de la mer. Les côtes et les îles de l’Asie et de l’Europe étaient couvertes de leurs magnifiques maisons de campagne ; mais au lieu de ces modestes ornemens d’un art qui, travaillant à se cacher, ne veut servir qu’à orner les scènes de la nature, les marbres de leurs jardins ne servaient qu’à montrer la richesse du maître et le travail de l’artiste ; les domaines du prince, agrandis par les héritages et les confiscations, avaient rendu le souverain propriétaire d’un grand nombre de superbes maisons dans la ville et dans les faubourgs ; les ministres d’état en occupaient douze ; [Le palais de Constantinople.]mais le grand palais, principale résidence de l’empereur, conserva exactement durant onze siècles le même emplacement, entre l’hippodrome, la cathédrale de Sainte-Sophie, et Les jardins, dont les nombreuses terrasses descendaient jusqu’aux rivages de la Propontide[1]. Constantin, en élevant le premier édifice, avait voulu copier ou égaler l’ancienne Rome (les embellissemens graduels exécutés par ses successeurs avaient pour objet de rivaliser avec les merveilles de l’ancien monde[2]. Au

  1. Si vous désirez une description très-détaillée du palais impérial, voyez la Constantinop. christiana (l. II, c. 4, p. 113-123), de Ducange, qui est le Tillemont du moyen âge. La laborieuse Allemagne n’a pas produit deux savans plus laborieux et plus exacts que ces deux antiquaires, formés cependant du sang pétulant des Français.
  2. Si l’on en croit une épigramme (Antholog. græc.,