Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/509

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire rompre ou de former la ligne. Sur terre, les signaux de feu se répétaient d’une montagne à l’autre ; une chaîne de huit postes avertissait une étendue de pays de cinq cents milles, et Constantinople était instruite en peu d’heures des mouvemens hostiles des Sarrasins de Tarse[1]. On peut juger de la force navale des empereurs grecs par le détail de l’armement qu’ils préparèrent pour la réduction de la Crète. On équipa dans la capitale, dans les îles de la mer Ægée et les ports de l’Asie, de la Macédoine et de la Grèce, cent douze galères et soixante-quinze navires construits sur le modèle de ceux de la Pamphilie. Cette escadre portait trente-quatre mille matelots, sept mille trois cents quarante soldats, sept cents Russes et cinq mille quatre-vingt-sept Mardaïtes qui descendaient d’une peuplade venue des montagnes du Liban. Leur solde, probablement pour un mois, fut évaluée à trente-quatre centenaires d’or, c’est-à-dire à environ cent trente-six mille livres sterling. Notre imagination se perd dans la liste des armes

  1. Le continuateur de Théophane (l. IV, p. 122, 123) nomme les emplacemens de ces signaux qui se répondaient les uns les autres : le château de Lulum près de Tarse, le mont Argée, le mont Isamus, le mont Ægilus, la colline de Mamas, le Cyrisus, le Mocilus, la colline d’Auxentius, le cadran du phare du grand palais. Il dit que les nouvelles se transmettaient εν ακαρει, dans un instant : misérable exagération qui ne dit rien parce qu’elle dit trop. Il eût été bien plus instructif s’il avait indiqué un intervalle de trois, de six ou de douze lieues.