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lais de Magnaure, une école où, par sa présence, il excitait l’émulation des maîtres et des élèves. À leur tête était le philosophe Léon, archevêque de Thessalonique ; les peuples étrangers de l’Orient admiraient son profond savoir sur l’astronomie et les mathématiques ; et l’opinion de son savoir était augmentée dans l’esprit du vulgaire par cette modeste disposition qui le porte à voir, dans toute connaissance qui surpasse les siennes, l’effet de l’inspiration et de la magie. Ce fut sur les pressantes instances du César que son ami, le célèbre Photius[1], renonça à l’indépendance d’une vie studieuse, et accepta la dignité de patriarche, où il fut tour à tour excommunié et absous par les synodes de l’Orient et de l’Occident ; de l’aveu même des prêtres ses ennemis, aucun art ou aucune science n’était étranger à cet homme universel : profond dans ses idées, infatigable dans ses études et éloquent dans son style. Photius exerçait les fonctions de protospathaire, ou de capitaine des gardes, lorsqu’il fut envoyé en ambassade auprès du calife de Bagdad[2]. Pour adoucir

  1. Hanckius (De Scriptorib. Byzant., p. 269-396) et Fabricius discutent en grand détail ce qui a rapport au caractère ecclésiastique et au caractère littéraire de Photius.
  2. Εις ασσυριο‌υς ne peut signifier que Bagdad, résidence du calife. La relation de son ambassade aurait été curieuse et instructive. Mais comment se procura-t-il tous ces livres ? il ne dut pas trouver à Bagdad une bibliothéque si nombreuse ; il ne put la transporter avec ses équipages, et il est impossible de croire qu’il la portât dans sa tête. Cette