Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

véritables et des Évangiles apocryphes[1], et l’Église latine n’a pas dédaigné d’emprunter du Koran l’immaculée conception de la Vierge mère[2]. Il observe toutefois que Jésus n’était qu’un mortel, et qu’au jour du jugement il portera témoignage contre les Juifs qui ne veulent point le reconnaître pour un prophète, et les chrétiens qui l’adorent comme le fils de Dieu. La méchanceté de ses ennemis souilla sa réputation et conspira contre ses jours ; mais il n’y eut de criminelle que leur intention : un fantôme ou un coupable lui fut substitué sur la croix, et le saint sans tache monta au septième ciel[3]. L’Évangile fut, durant six siècles, le che-

  1. Voyez l’Évangile de saint Thomas, ou de l’Enfance, dans le Codex apocryphus N. T. de Fabricius, qui recueille les différens témoignages sur cet écrit (p. 128-158). Il a été publié en grec par Cotelier, et en arabe par Sike, qui croit que la copie que nous en avons est postérieure à Mahomet ; cependant ses citations s’accordent avec l’original sur le discours de Jésus-Christ au berceau, sur les oiseaux d’argile doués de la vie, etc. (Sike, c. 1, p. 168, 169 ; c. 36, p. 198, 199 ; c. 46, p. 206 ; Cotelier, c. 2, p. 160, 161).
  2. L’immaculée Conception de la vierge Marie se trouve indiquée d’une manière obscure dans le Koran (c. 3, p. 39), et expliquée plus clairement par la tradition des sonnites (Sale, note, et Maracci, t. II, p. 212). Saint Bernard réprouva, au douzième siècle, l’immaculée Conception, comme une nouveauté présomptueuse (Fra-Paolo, Istoria del concilio di Trento, l. II).
  3. Voyez le Koran, c. 3, v. 53, et c. 4, v. 156 de l’édition de Maracci. Deus est præstantissimus dolose agentium (éloge bizarre)… nec crucifixerunt eum, sed objecta est cis simili-