Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/93

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Taleb vint à bout, par son crédit et par sa modération, d’échapper à la violence de cette faction religieuse. Les plus faibles ou les plus timides des disciples de Mahomet se retirèrent en Éthiopie, et le prophète chercha des asiles dans les divers endroits, soit de la ville, soit de la campagne, qui pouvaient lui offrir quelque sûreté. Comme sa famille continuait à le soutenir, le reste de la tribu de Koreish prit l’engagement de renoncer à tout commerce avec les enfans de Hashem, de ne rien acheter d’eux, de ne leur rien vendre, de ne plus former de mariages avec eux, mais de les poursuivre sans pitié jusqu’à l’époque où ils livreraient Mahomet à la justice des dieux. Ce décret fut suspendu dans la Caaba et exposé aux yeux de toute la nation ; les émissaires des Koreishites persécutèrent les exilés musulmans jusqu’au centre de l’Afrique ; ils assiégèrent le prophète avec ses plus fidèles disciples ; ils les privèrent d’eau, et des représailles exercées de part et d’autre augmentèrent l’animosité mutuelle. Une trêve peu solide sembla rétablir la concorde ; mais la mort d’Abu-Taleb abandonna Mahomet au pouvoir de ses ennemis : dans le même moment, la mort de la fidèle et généreuse Cadijah lui enlevait toutes ses consolations domestiques. Abu-Sophian, chef de la branche d’Ommiyah, succéda à la dignité principale de la république de la Mecque. Adorateur zélé des idoles, ennemi mortel de la famille de Hashem, il convoqua une assemblée des Koreishites et de leurs alliés pour décider du sort de l’apôtre. Par l’emprisonnement,