Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à Pyrrhus et à Pompée l’idée sublime ou extravagante d’y élever un pont. Robert, avant d’embarquer ses munitions et ses troupes, détacha Bohémond avec quinze galères pour aller subjuguer ou menacer l’île de Corfou, reconnaître la côte opposée, et s’assurer, aux environs de Vallona, d’un havre pour ses troupes. Bohémond fit sa traversée et son débarquement sans apercevoir d’ennemis ; et cet heureux essai fit connaître l’état de décadence où la négligence des Grecs avait réduit la marine. Les îles et les villes maritimes de l’Épire cédèrent aux armes de Robert ou à la terreur de son nom ; et après son arrivée à Corfou (que je désigne par son nom moderne), il conduisit son escadre et son armée pour faire le siége de Durazzo. Cette ville, qui était la clef de l’empire du côté de l’occident, se trouvait gardée par son ancienne réputation, par des ouvrages récens, par le patricien George Paléologue qui avait gagné des batailles en Orient, et enfin par une garnison d’Albanais et de Macédoniens, peuples connus de tout temps pour fournir de bons soldats. Le courage de Guiscard fut éprouvé dans cette entreprise par des dangers et des accidens de toute espèce : dans la saison la plus favorable de l’année, sa flotte, qui longeait la côte, fut assaillie tout à coup d’un ouragan mêlé de neige ; de furieux vents du sud enflèrent la mer Adriatique, et un nouveau naufrage

    66, in Plin., l. III), aurait pu être corrigé par tous les pilotes vénitiens qui étaient sortis du golfe.