Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/187

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bientôt Tripoli[1], place forte située sur la côte de la mer ; et s’il égorgea les mâles et réduisit les femmes en captivité, on doit se souvenir que les musulmans se permirent souvent le même abus de la victoire. La capitale des Zeirides portait le nom d’Afrique, de celui de la contrée, et on l’appelait quelquefois Mahadia[2], du nom de l’Arabe qui en avait jeté les fondemens : elle est forte et bâtie sur un isthme ; mais la fertilité de la plaine des environs ne compense pas l’imperfection du port. George, amiral de Sicile, assiégea Mahadia avec une escadre de cent cinquante galères, bien pourvue de soldats et de machines de guerre ; le souverain avait pris la fuite ; le gouverneur maure refusa de capituler : mais ne voulant pas affronter le dernier assaut, il s’échappa secrètement avec les musulmans, et abandonna aux Français la ville et ses trésors. Le roi de Sicile et ses lieutenans subjuguèrent en plusieurs expéditions Tunis, Safax, Capsia, Bona et une lon-

  1. Tripoli (dit le géographe de Nubie, ou, pour parler plus exactement, le shérif al Edrisi) urbs fortis, saxeo muro vallata, sita prope littus maris. Hanc expugnavit Rogerius, qui mulieribus captivis ductis, viros peremit.
  2. Voyez la Géographie de Léon l’Africain (in Ramusio, t. I, fol. 74, vers. fol. 75, recto), et les Voyages de Shaw, (p. 110), le septième livre du président de Thou, et le onzième de l’abbé de Vertot. Les chevaliers de Malte eurent la sagesse de refuser cette place, que Charles-Quint leur offrait, à condition de la défendre.