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dement entre plusieurs chefs tous égaux en grade, et également dénués de talens militaires. Les Grecs furent accablés par mer et par terre, et les captifs qui échappèrent au glaive des Normands et des Sarrasins, abjurèrent toute espèce d’hostilités contre la personne et les états de leur vainqueur[1]. Toutefois le roi de Sicile estimait le courage et la persévérance de Manuel, qui avait fait débarquer une seconde armée sur la côte d’Italie ; [Paix avec les Normands. A. D. 1156.]il adressa des propositions respectueuses à ce nouveau Justinien ; il sollicita une paix ou une trêve de trente ans, accepta le titre de roi comme une faveur, et se reconnut le vassal militaire de l’Empire romain[2]. Les Césars de Byzance agréèrent ce fantôme de domination sans espérer, et peut-être sans désirer le service des Normands ; et la trêve de trente ans ne fut troublée par aucune hostilité entre la Sicile et Constantinople. Elle allait expirer lorsque le trône de Manuel fut usurpé par un tyran inhumain, en horreur à son pays et au monde,

  1. Romuald de Salerne (in Muratori, Script. ital., t. VII, p. 198) fait mention de cette victoire. Il est assez singulier que Cinnamus (l. IV, c. 13, p. 97, 98) ait plus de chaleur et soit plus détaillé que Falcando (p. 268-270) dans l’éloge du roi de Sicile. Mais l’auteur grec aimait les descriptions, et le latin n’aimait pas Guillaume-le-Mauvais.
  2. Voyez sur l’Épître de Guillaume Ier, Cinnamus (l. IV, c. 15, p. 101, 102) et Nicétas (l. II, c. 8). Il est malaisé de dire si les Grecs se trompaient eux-mêmes, ou s’ils voulaient tromper le public par ces tableaux flattés de la grandeur de l’empire.