Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/20

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le gouvernement tolérant des Arabes, après vingt-sept ans de prédication, il périt victime de la persécution des Romains. [Persécution des empereurs grecs.]Les dévots empereurs, qui avaient rarement proscrit la vie des autres hérétiques moins odieux que ceux-ci, condamnèrent sans miséricorde la doctrine, les écrits et la personne des montanistes et des manichéens. On brûla leurs livres ; et tous ceux qui osèrent les garder, ou professer les opinions qu’on y trouvait, furent dévoués à une mort ignominieuse[1]. Siméon, envoyé par l’empereur grec, arriva à Colonia, armé de la puissance des lois et de la force militaire, pour frapper le pasteur, et ramener, s’il était possible, au sein de l’Église, le troupeau égaré : par un raffinement de cruauté, après avoir fait placer l’infortuné Sylvanus devant ses disciples disposés en haie, il ordonna à ceux-ci, pour prix de leur pardon et pour témoignage de leur repentir, de massacrer leur père spirituel. Ils ne purent se résoudre à cette impiété, les pierres tombèrent de leurs mains ; la troupe entière n’offrit qu’un seul bourreau, et, selon les expressions des catholiques, un nouveau David qui ren-

  1. Hoc cæterum ad sua egregia facinora, divini atque orthodoxi imperatores addiderunt, ut manichæos montanosque capitali puniri sententiâ juberent, eorumque libros quocumque in loco inventi essent flammis tradi ; quod si quis uspiam eosdem occultasse deprehenderetur, hune eundem mortis pœnæ addici, ejusque bona in fiscum inferri. (Pierre le Sic., p. 759). Que pouvaient désirer de plus la bigotterie et l’esprit de persécution ?