Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

forte empreinte des mœurs orientales : on y trouvait le despotisme, la pompe, et même le harem d’un sultan ; une nation chrétienne était opprimée et outragée par des eunuques qui professaient ouvertement ou secrètement la religion de Mahomet. Un éloquent historien de la Sicile[1] a fait le tableau des malheurs de son pays[2] ; il a peint la chute de l’ingrat Majo ; la révolte et le châtiment de ses assas-

  1. L’Historia Sicula de Hugo Falcando, qui, à proprement parler, se prolonge de l’an 1154 à l’an 1169, se trouve au septième volume de la collection de Muratori (p. 259-344) ; elle est précédée (p. 251-258) d’une préface ou d’une lettre éloquente, De calamitatibus Siciliæ. On a surnommé Falcando le Tacite de la Sicile ; et, déduction faite de l’immense différence qui se trouve du premier siècle au douzième, d’un sénateur à un moine, je ne refuserais pas ce titre à Falcando. Sa narration est rapide et claire ; son style a de la hardiesse et de l’élégance ; ses remarques sont pleines de sagacité : il connaissait le monde, et il avait le cœur d’un homme. Je regrette seulement qu’il ait prodigué ses travaux sur un terrain si stérile et de si peu d’étendue.
  2. Les laborieux Bénédictins pensent (Art de vérifier les Dates, p. 896) que le véritable nom de Falcando est Fulcandus ou Foucault. Selon eux, Hugues Foucault, Français d’origine, qui devint par la suite abbé de Saint-Denis, avait suivi en Sicile son protecteur Étienne de La Perche, oncle de la mère de Guillaume II, archevêque de Palerme, et grand chancelier du royaume. Falcando a néanmoins tous les sentimens d’un Sicilien, et le titre d’Alumnus (qu’il se donne lui-même) paraît indiquer qu’il reçut le jour ou du moins qu’il fut élevé dans l’île.