Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/218

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par leur grosseur, que n’en a jamais produit la nature[1]. On doit songer toutefois que le sol de l’Indoustan est rempli de minéraux précieux ; que son commerce a, dans tous les siècles, attiré l’or et l’argent du reste du monde, et que, jusqu’aux mahométans, ses trésors n’avaient été la proie d’aucun conquérant. La conduite de Mahmoud à sa mort fit sentir, d’une manière frappante, la vanité de ces possessions acquises avec tant de peine, gardées avec tant de danger, et dont la perte est si inévitable. Il examina les vastes chambres qui contenaient les trésors de Gazna, fondit en larmes, et referma les portes sans distribuer aucune portion de tant de richesses qu’il ne pouvait plus espérer de conserver. Le lendemain, il fit la revue de ses forces militaires, composées de cent mille fantassins, de cinquante-cinq mille cavaliers et de treize cents éléphans de guerre[2] : il pleura de nouveau sur l’in-

  1. Ils citent, par exemple, un rubis de quatre cent cinquante miskals (Dow, vol. I, p. 53) ou six livres trois onces : le plus gros du trésor de Delhy pesait dix-sept miskals (Voyages de Tavernier, partie II, p. 280). Il est vrai qu’en Orient on donne le nom de rubis à toutes les pierres colorées (p. 355), et que Tavernier en avait vu trois plus grosses et plus précieuses parmi les pierreries de notre grand roi, le plus puissant et le plus magnifique de tous les rois de la terre. (p. 376.)
  2. Dow, t. I, p. 65. On dit que le souverain de Kinnoge avait deux mille cinq cents éléphans (Abulféd., Geograp. Tab, XV, p. 274). Le lecteur peut, d’après ces détails sur