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de l’Afrique, mais les nègres de sa garde et les habitans du Caire firent une sortie désespérée et chassèrent les Turcs des frontières de l’Égypte. Le meurtre et le pillage marquèrent la route que suivit Atsiz dans sa retraite ; il fit égorger le juge et les notaires de Jérusalem, qu’il avait invités à venir dans son camp, et cette exécution fut suivie du massacre de trois mille citoyens. Il ne tarda pas à voir sa cruauté ou sa défaite punie par le sultan Toucush, frère de Malek-Shah, qui, avec plus de titres et des forces plus redoutables, soutint ses droits à l’empire de la Syrie et de la Palestine. La maison de Seljouk régna à Jérusalem environ vingt ans[1] ; mais le commandement héréditaire de la sainte Cité et de son district fut abandonné à l’émir Ortok, chef d’une tribu de Turcomans, dont les enfans formèrent, après leur expulsion de la Palestine, deux dynasties qui régnèrent sur les frontières de l’Arménie et de l’Assyrie[2]. Les chrétiens de l’Orient et les pèlerins de l’Église latine

  1. Depuis l’expédition d’Isar Atsiz (A. H. 469, A. D. 1076), jusqu’à l’expulsion des Ortokides (A. D. 1096). Cependant Guillaume de Tyr (l. I, c. 6, p. 633) assure que Jérusalem fut trente-huit ans au pouvoir des Turcs ; et une Chronique arabe, citée par Pagi (t. IV, p. 202), suppose qu’un général Carizmien la soumit au calife de Bagdad, A. H. 463, A. D. 1070. Ces dates si reculées s’accordent mal avec l’Histoire générale de l’Asie, et je suis sûr que (A. D. 1064) le regnum Babylonicum (du Caire) subsistait encore dans la Palestine. (Baronius, A. D. 1064, no 56.)
  2. De Guignes, Histoire des Huns, t. I, p. 249-252.