Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/331

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envie d’essayer leur valeur dans un combat singulier ; ils y adressent leurs prières à Dieu et à ses saints jusqu’à ce qu’ils voient paraître un ennemi : j’y ai souvent été, et je n’ai point encore rencontré d’adversaire qui ait ose accepter mon défi. » Alexis congédia ce brave en lui donnant quelques sages avis sur sa conduite dans la guerre avec les Turcs ; et l’histoire raconte avec plaisir cet exemple frappant des mœurs de son siècle et de son pays.

Revue et dénombrement des croisés. A. D. 1097. Mai.

Alexandre entreprit et acheva la conquête de l’Asie avec trente-cinq mille Grecs ou Macédoniens[1], et il fondait particulièrement sa confiance sur la valeur et la discipline de sa phalange d’infanterie. La principale force des croisés consistait dans leur cavalerie, et quand on en fit la revue dans les plaines de Bithynie, les chevaliers et les cavaliers de leur suite montaient à cent mille combattans complétement armés d’un casque et d’une cotte de maille. De pareils soldats méritaient qu’on en fit un dénombrement exact et authentique ; et il n’est pas étonnant que la fleur de la chevalerie de toute l’Europe ait fourni, dans un premier effort, ce corps formidable de pe-

    qui ad memoriam ejus (sa tombe), pernoctant invictos reddit, ut de Italiâ et Burgundiâ tali necessitate confugiatur ad eum. Joan. Sariberiensis, epist. 139.

  1. Il y a différentes opinions sur le nombre dont cette armée était composée ; mais il n’y a point d’autorité comparable à celle de Ptolémée, qui le fixe à cinq mille chevaux et trente mille hommes d’infanterie. (Voyez les Annales d’Usher, p. 162.)