Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/335

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perstition ne se fût pas opposée à ce qu’une prudence sacrilége privât les faibles et les indigens du mérite du pèlerinage, la foule de ceux qui consommaient les subsistances sans contribuer à les obtenir, aurait pu attendre dans les états de l’empereur grec que leurs compagnons eussent ouvert et assuré le chemin du Seigneur. Le faible reste des pèlerins qui passèrent le Bosphore obtint la permission de visiter le Saint-Sépulcre. Accoutumés à la température du Nord, ils ne purent supporter les exhalaisons et les rayons brûlans du soleil de la Syrie ; ils consumèrent avec une aveugle prodigalité les provisions d’eau et de subsistances ; leur multitude épuisait l’intérieur du pays ; la mer était éloignée, les Grecs malintentionnés, et les chrétiens de toutes les sectes fuyaient le brigandage et la voracité de leurs frères latins. Dans cette affreuse nécessité, la famine les força quelquefois à dévorer la chair de leurs captifs enfans ou adultes. Le nom et la réputation de cannibales ajoutèrent à l’horreur des Sarrasins pour les idolâtres de l’Europe. On fit voir aux espions qui s’introduisirent dans la cuisine de Bohémond plusieurs corps humains à la broche, et les rusés Normands encou-

    chlamys peuvent avoir rapport aux montagnards écossais ; mais finibus uliginosis s’applique plus naturellement aux marécages de l’Irlande. Malmsbury nomme les Gallois et les Écossais, etc. (l. IV, p. 133), dont les premiers quittèrent venationem saltuum et les autres familiaritatem pulicum.