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l’heure ce qu’ils purent devoir au secours de leurs alliés surnaturels ; mais l’intrépide désespoir des Francs fut la cause naturelle de la victoire d’Antioche, et on doit y ajouter la surprise, la discorde et peut-être les fautes de leurs ignorans et présomptueux adversaires. La confusion de la bataille a passé dans la description : nous y pouvons remarquer cependant ce qu’on dit de la tente de Kerboga, vaste palais ambulant, enrichi de tout le faste de l’Asie, et capable de contenir plus de deux mille personnes : on nous apprend aussi que ses gardes, au nombre de trois mille hommes, étaient, ainsi que leurs chevaux, complètement couverts d’une armure d’acier,

Famines, détresse des croisés dans Antioche.

Durant le siége et la défense d’Antioche, les croisés avaient été alternativement enorgueillis par la victoire ou accablés de désespoir, nageant dans l’abondance ou épuisés par la famine. Un philosophe spéculatif pourrait imaginer que leur foi devait avoir une grande influence sur leurs actions, et que les soldats de la croix, les libérateurs du Saint-Sépulcre, se préparaient, par une vie sobre et vertueuse, à l’attente journalière du martyre. Mais l’expérience dissipe cette charitable illusion, et l’histoire des guerres profanes offre rarement des scènes de débauche et de prostitution comparables à celles qui se

    320). Albert d’Aix fixe le nombre des Turcs à deux cent mille hommes de cavalerie (l. IV, c. 10, p. 242), et Radulphe à quatre cent mille (c. 72, p. 309).