Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/354

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fense des murs, il fallut mettre le feu à leurs quartiers.

Légende de la Sainte lance.

Le fanatisme qui les avait conduits à une destruction presque inévitable, les fit sortir victorieux de ce danger. Dans une telle expédition et dans une telle armée, les visions, les prophéties et les miracles devaient être fréquens et familiers. Durant la détresse où les chrétiens se trouvèrent dans Antioche, ils se répétèrent avec une énergie et un succès extraordinaires. Saint Ambroise avait assuré au pieux ecclésiastique que l’époque de la grâce et de la délivrance devait être précédée par deux années d’épreuve. Des déserteurs avaient été arrêtés par l’apparition et les reproches du Christ en personne ; les morts s’étaient engagés à sortir de leurs tombeaux pour combattre avec leurs frères ; la Vierge avait obtenu le pardon de leurs péchés, et leur confiance fut ranimée par un signe visible, l’heureuse et brillante découverte de la sainte lance. On a loué dans cette occasion la politique de leurs chefs, et elle serait au moins certainement très-excusable. Mais un conseil nombreux concerte rarement une fraude pieuse, et un imposteur volontaire pouvait compter sur l’appui des hommes éclairés et sur la crédulité du peuple. Un prêtre, nommé Pierre Barthélemi, du diocèse de Marseille, d’un esprit grossièrement artificieux et de mœurs fort suspectes, fut se présenter à la porte du conseil, pour y révéler une apparition de saint André, qui s’était présenté à lui trois fois durant son sommeil, en le menaçant des plus terribles châtimens s’il osait