Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/364

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adoucis, pouvait encore arrêter long-temps les efforts d’un ennemi. L’expérience d’un siége récent et trois ans de possession avaient éclairé les Sarrasins d’Égypte sur les défauts d’une place que l’honneur et la religion leur défendaient d’abandonner, et sur les moyens qui pouvaient contribuer à sa sûreté. Aladin ou Istikhar, lieutenant du calife, qui commandait dans Jérusalem, tâcha de contenir les chrétiens qui l’habitaient par la crainte de leur propre destruction et de celle du Saint-Sépulcre, et anima la valeur des musulmans par l’espoir des récompenses qui les attendaient dans ce monde et dans l’autre. On assure que la garnison était composée de quarante mille Turcs ou Arabes ; et, s’il est vrai que le commandant ait pu armer de plus vingt mille des habitans, il est certain que l’armée des assiégés surpassait en nombre celle des assiégeans[1]. Si les Latins eussent été encore assez nombreux pour environner la ville, dont la circonférence était de quatre mille verges (environ deux milles anglais et demi)[2], à quel pro-

  1. Le jugement et l’érudition de l’auteur français de l’Esprit des Croisades, contre-balancent fortement le scepticisme ingénieux de Voltaire. Cet auteur observe (t. IV, p. 386-388) que, selon les Arabes, les habitans de Jérusalem excédaient le nombre de deux cent milles ; qu’au siége de Titus, Josèphe compte treize cent mille Juifs, et que Tacite porte lui-même leur nombre à six cent mille, et qu’avec la défalcation la plus considérable que puisse justifier son accepimus, il nous les montre encore plus nombreux que l’armée romaine.
  2. Maundrell, qui fit exactement le tour des murs, trouva