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dent possédèrent toute la côte depuis Scanderoon jusqu’aux frontières de l’Égypte. Le prince d’Antioche rejeta la suprématie du roi de Jérusalem ; mais les comtes d’Édesse et de Tripoli se reconnurent ses vassaux. Les Latins étendirent leur royaume au-delà de l’Euphrate, et les mahométans ne conservèrent de leurs conquêtes de Syrie[1] que les quatre villes d’Hems, de Hamah, Alep et Damas. Les lois, le langage, les mœurs et les titres de la nation française et de l’Église latine, furent adoptés dans ces colonies d’outre-mer. Selon la jurisprudence féodale, les principaux états et les baronnies subordonnées passaient aux héritiers mâles ou femelles[2] ; mais le luxe et le climat de l’Asie anéantirent la race mélangée et dégénérée des premiers conquérans[3], et l’arrivée de nouveaux croisés

    Tyr (l. XI, c. 14, p. 804) décrit leur course per Britannicum mare et Calpen, au siége de Sidon.

  1. Benelathir, apud de Guignes, Histoire des Huns, t. II, part. II, p. 150, 151, A. D. 1127 ; il parle certainement de l’intérieur du pays.
  2. Sanut blâme avec raison le droit de succession par les femmes dans une terre, hostibus circumdata, ubi cuncta virilia et virtuosa esse deberent. Cependant, par l’ordre et avec l’approbation de son seigneur suzerain, une héritière noble était obligée de faire choix d’un mari ou d’un champion (Assises de Jérusalem, c. 242, etc.) Voy. M. de Guignes (t. I, p. 441-471). Les tables exactes et utiles de cette dynastie sont particulièrement tirées des Lignages d’outre-mer.
  3. On les appelait par dérision poullains, pullani, et leur nom ne se prononçait qu’avec mépris (Ducange, Gloss.