Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/388

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ment l’instant où les émirs de la côte maritime avaient été rappelés sous les drapeaux du sultan, pour chasser les Turcs des îles de Rhodes et de Chios, et faire rentrer les villes d’Éphèse, de Smyrne, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée sous le gouvernement de l’empire, qu’il étendit depuis l’Hellespont jusqu’aux bords du Méandre et aux côtes escarpées de la Pamphilie. Les églises reprirent leur ancienne splendeur ; les villes furent rebâties et fortifiées ; ce pays désert fut repeuplé de colonies de chrétiens qu’on engagea sans peine à se retirer de la frontière, dont l’éloignement les exposait sans cesse à de nouveaux dangers. Occupé de ces soins paternels, Alexis peut nous paraître excusable d’avoir oublié la délivrance du Saint-Sépulcre ; mais les Latins l’accusèrent de désertion et de perfidie. Ils lui avaient fait serment d’obéissance et de fidélité ; mais l’empereur s’était engagé à seconder leur entreprise en personne, ou au moins de ses troupes et de ses trésors. Sa retraite honteuse anéantit leur obligation ; et leur épée, l’instrument de leurs victoires, devint le titre et le garant de leur juste indépendance. Il ne paraît pas qu’Alexis ait renouvelé ses anciennes prétentions sur le royaume de Jérusalem[1] ; mais les frontières

  1. Les rois de Jérusalem se soumirent cependant à quelques formes de dépendance ; et dans les dates de leurs inscriptions, dont une est encore lisible dans l’église de Bethléem, ils plaçaient respectueusement avant leur propre nom celui de l’empereur régnant, Dissertat. sur Joinville, XXVII, p. 319.