Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/409

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ment que sa mission avait été confirmée par des visions et des prodiges[1]. Si le fait eût été certain, l’argument était sans réplique. Des vingt ou trente miracles que ses disciples affirment avoir été opérés en un seul jour dans les assemblées publiques de la France et de l’Angleterre, qu’ils appellent en témoignage de leur réalité[2], aucun peut-être n’obtient aujourd’hui de confiance hors de l’enceinte de Clairvaux ; mais dans la guérison surnaturelle des malades, des boiteux et des aveugles présentés à l’homme de Dieu, il n’est plus possible aujourd’hui de distinguer ce qui doit être attribué au hasard, à l’imagination, à l’imposture ou à la fiction[3].

Progrès des mahométans.

La toute-puissance divine est exposée elle-même aux murmures des mortels opposés dans leurs vœux ; la délivrance de Jérusalem, que l’Europe regarda comme un bienfait du ciel, fut déplorée, et peut--

  1. Sic dicunt forsitan isti, unde scimus quod à Domino sermo egressus sit ? Quæ signa tu facis ut credamus tibi ? non est quod ad ista ipse respondeam ; parcendum verecundiæ meæ, responde lu pro me, et pro te ipso, secundum quæ vidisti et audisti, et secundum quod te inspiraverit Deus. (Consolat., l. II, c. 1, Opp., t. II, p. 421-423.)
  2. Voyez les témoignages, in vit. prima, l. IV, c. 5, 6 ; Opp., t. VI, p. 1258-1261 ; l. VI, c. 1-17, p. 1286-1314.
  3. Philippe, archidiacre de Liège, qui accompagnait S. Bernard, a composé une relation des miracles qu’on attribuait au saint, et qu’il porte au nombre de trente-six par jour (Fleury, Hist. ecclés., l. LXIX, no 16). (Note de l’Éditeur.)