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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/424

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étude que la doctrine superstitieuse de la secte de Shafei : son mépris pour les poètes faisait leur sûreté, mais toutes les sciences profanes étaient l’objet de son aversion : un philosophe qui avait mis au jour quelques nouveautés spéculatives, fut saisi et étranglé par l’ordre du pieux sultan. Le plus obscur de ses sujets pouvait réclamer la justice du divan contre le sultan ou contre ses ministres ; Saladin ne dérogeait à l’équité que lorsqu’un royaume était le prix de son injustice. Tandis que les descendans de Seljouk et de Zenghi lui tenaient l’étrier et rangeaient ses vêtemens, les derniers de ses domestiques éprouvaient sa douceur et son affabilité. Il prouva l’excès de sa libéralité en distribuant douze mille chevaux au siége d’Acre ; et au moment de sa mort, on ne trouva dans son trésor que quarante-sept drachmes d’argent et une seule pièce d’or. Cependant durant son règne, presque entièrement consacré à la guerre, il diminua les tributs, et les citoyens jouirent paisiblement des fruits de leur industrie ; il fonda dans l’Égypte, dans la Syrie et dans l’Arabie, des mosquées, des colléges et des hôpitaux, et bâtit une citadelle au Caire, qu’il fit environner de murs : mais tous ses ouvrages avaient le public pour objet[1], et

    célèbre dans son premier chapitre les vertus civiles et religieuses de Saladin.

  1. L’ignorance des nationaux et des voyageurs a confondu dans plusieurs ouvrages, et particulièrement dans le puits de saint Joseph, dans le château du Caire, les travaux du sultan et ceux du patriarche.