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de Barberousse, fut successivement le pupille, l’ennemi et la victime de l’Église. À l’âge de vingt-un ans, il prit la croix par obéissance pour Innocent III, son tuteur, qui lui fit ensuite renouveler sa promesse à chacun de ses couronnemens, comme roi et comme empereur. Le mariage de Frédéric avec l’héritière de Jérusalem lui imposa pour toujours le devoir de défendre le royaume de son fils Conrad. Mais lorsque Frédéric avança en âge et sentit son autorité plus affermie, il se repentit des engagemens contractés dans sa jeunesse ; ses lumières et son expérience lui avaient appris à mépriser les illusions du fanatisme et les couronnes de l’Asie. Il n’avait plus le même respect pour les successeurs d’Innocent, et le projet de rétablir la monarchie italienne, depuis la Sicile jusqu’aux Alpes, occupait exclusivement son ambition. Mais le succès de cette entreprise aurait réduit les papes à leur simplicité primitive ; et, après s’être laissé amuser douze ans par des délais et des excuses, ils le déterminèrent, à force de sollicitations et de menaces, à fixer l’époque de son départ pour la Palestine. Il fit préparer, dans les ports de la Sicile et de la Pouille, une flotte de cent galères et de cent vaisseaux construits de manière à transporter et débarquer facilement deux mille cinq cents chevaliers avec leurs chevaux et leur suite. Ses vassaux de

    sonnables sont Fleury (Hist. ecclés., t. XVI), Vertot (Chev. de Malte, t. I, l. III), Giannone (Ist. civ. di Napoli, t. II, l. XVI), et Muratori (Annali d’Italia, t. X).