Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/67

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habitans, et n’épargnèrent qu’environ deux cents misérables qui, selon les vagues exagérations des contemporains, payèrent leur rançon de quelques boisseaux d’or et d’argent tirés des ruines fumantes de leur patrie. Tandis que les Hongrois partaient chaque année du pied des Alpes, pour faire des incursions aux environs de Rome et de Capoue, les églises qui n’avaient pas encore été détruites par les Barbares retentissaient de cette lamentable litanie : « Sauvez-nous et délivrez-nous des traits des Hongrois ; » mais les saints furent sourds ou demeurèrent inexorables, et le torrent ne s’arrêta qu’à l’extrémité de la Calabre[1]. Les vainqueurs consentirent à composer pour la rançon de chaque individu de l’Italie, et dix boisseaux d’argent furent versés dans le camp des Turcs ; mais la fausseté est l’adversaire qu’on oppose naturellement à la violence, et on trompa

  1. Muratori a examiné, avec un soin patriotique, le danger que courut Modène et les ressources qu’elle avait alors. Les citoyens conjurèrent saint Geminien, leur patron, de détourner, par son intercession, le rabies, flagellum, etc.

    Nune te rogamus licet servi pessimi
    Ab Ungarorum nos defendas jaculis.


    L’évêque éleva des murailles pour la défense publique, non pas contra dominos serenos (Antiq. Italic. med. ævi, t. I, Dissertat. I, p. 21, 22) ; et la chanson de la garde de nuit n’est pas sans élégance et sans utilité (t. III, Dissertat. 40, p. 709). L’annaliste italien a indiqué d’une manière exacte la suite de leurs incursions (Annali d’Italia, t. VII, p. 365, 367, 393, 401, 437, 440 ; t. VIII, p. 19, 41, 52, etc.).