Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/70

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n’en puissent faire une seconde décharge, courez sur eux rapidement la lance à la main. » Ils obéirent et furent victorieux. Dans un siècle d’ignorance, Henri recourut aux beaux-arts pour perpétuer son nom, et les peintures historiques du château de Mersebourg nous ont transmis ses traits ou du moins les actions qui font connaître son caractère[1]. Vingt ans après, les enfans des Turcs tombés sous ses coups envahirent les états de son fils ; et, selon les calculs les plus modérés, leur armée était composée de cent mille cavaliers. [D’Othon-le-Grand. A. D. 915.]Ils furent excités par les factions de l’empire d’Allemagne ; profitant des passages ouverts par des traîtres, ils pénétrèrent fort au-delà du Rhin et de la Meuse jusque dans le cœur de la Flandre. Mais la vigueur et la prudence d’Othon dissipèrent la conjuration ; les princes du corps germanique sentirent que s’ils ne demeuraient pas fidèles les uns aux autres, ils perdraient infaillible-

  1. Hune vero triumphum tam laude quam memoriâ dignum, ad Meresburgum rex in superiori cænaculo domûs per ζωγραφιαν, id est, picturam notari, præcepit, adeo ut rem veram potius quam verisimilem videas (Luitprand, l. II, c. 9). Charlemagne avait fait peindre des sujets sacrés dans un autre palais d’Allemagne, et Muratori observe avec raison : Nulla sæcula fuére in quibus pictores desiderati fuerint (Antiq. ital. med. ævii, t. II, Diss. 24, p. 360-361) ; les prétentions des Anglais à l’antiquité de l’ignorance et de l’imperfection originale, selon les piquantes expressions de M. Walpole, sont d’une date beaucoup plus récente. (Anecdotes of Painting, vol. I, p. 2, etc.)