Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/83

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rant l’été un golfe, un lac et une rivière navigable ; et pendant l’hiver on voyageait sur la surface durcie d’une immense plaine de neige. Des environs de cette ville, les Russes descendaient les rivières qui tombent dans le Borysthène ; leurs canots, d’un seul arbre, étaient chargés d’esclaves de tout âge, de fourrures de toute espèce, du miel de leurs abeilles et des peaux de leur bétail, et toutes les productions du Nord étaient apportées et réunies dans les magasins de Kiow. Le mois de juin était communément l’époque du départ de la flotte ; le bois des canots servait à faire des rames et des bancs pour des bateaux plus solides et plus grands ; ces nouvelles embarcations descendaient sans obstacle le Borysthène jusqu’aux sept ou treize chaînes de rochers, qui coupent le lit et précipitent les eaux du fleuve. Il suffisait, pour les chutes peu considérables, d’alléger les embarcations, mais elles ne pouvaient franchir les hautes cataractes ; les matelots étaient obligés de traîner par terre leurs navires et leurs esclaves sur un espace de six milles, et pendant ce pénible voyage ils étaient exposés aux attaques des brigands du désert[1]. À la première île qu’ils rencontraient

  1. Constantin n’indique que sept cataractes, dont il donne les noms dans la langue russe et la langue esclavonne. Mais le sieur de Beauplan, ingénieur français, qui avait reconnu le cours et la navigation du Dniéper et du Borysthène, en compte treize (voyez sa Description d’Ukraine, Rouen 1660, petit in-4o.). Malheureusement la carte qui