Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/93

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traits de la cavalerie bulgare. Le roi vaincu descendit au tombeau ; ses enfans tombèrent au pouvoir du vainqueur, et les guerriers du Nord subjuguèrent ou ravagèrent ses états jusqu’au mont Hémus ; mais au lieu d’abandonner sa proie et de tenir ses engagemens, le prince Varangien était plus disposé à marcher en avant qu’à se retirer ; et si le succès eût couronné la fin de son entreprise, le siége de l’empire de Russie eût été transféré dès le dixième siècle sous un climat plus tempéré et plus fertile. Swatoslas voulut jouir des avantages qu’il sentait bien être attachés à cette nouvelle position, où il pouvait réunir autour de lui, soit par le commerce ou par la rapine, les diverses productions de toute la terre. Une navigation aisée lui apportait les fourrures, la cire et l’hydromel de la Russie : la Hongrie lui fournissait des chevaux et les dépouilles de l’Occident, et la Grèce regorgeait d’or, d’argent et de ces objets de luxe qu’affectait de dédaigner sa pauvreté. Les bandes des Patzinacites, des Ghozares et des Turcs, accouraient de tous côtés sous les drapeaux d’un prince victorieux. Sur ces entrefaites, l’ambassadeur de Nicéphore trahit son maître, se revêtit de la pourpre, et promit de partager les trésors de l’Orient avec ses nouveaux alliés. Le prince russe, des bords du Danube, continua sa marche jusqu’à Andrinople : on le somma d’évacuer la province romaine ; sa réponse fut dédaigneuse, et il ajouta que Constantinople devait s’attendre à voir bientôt son ennemi et son maître.