Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/95

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laba[1]. Les murs en furent escaladés au son des trompettes ; huit mille cinq cents Russes furent passés au fil de l’épée, et les fils du roi bulgare, délivrés d’une prison ignominieuse, furent revêtus du vain titre de rois. Après ces pertes multipliées, Swatoslas se retira dans le poste bien fortifié de Dristra, sur les bords du Danube, et fut poursuivi par un ennemi qui employait tour à tour la célérité et la lenteur. Les galères de Byzance remontèrent le fleuve ; les troupes achevèrent une ligne de circonvallation, et le prince russe, derrière les fortifications de son camp et celles de la ville, se vit environné, assailli et réduit à la disette. Les Russes firent un grand nombre d’actions de valeur ; ils essayèrent plusieurs sorties désespérées, et Swatoslas ne céda à sa fortune qu’après un siége de soixante-cinq jours. La capitulation qu’il obtint annonce la prudence du vainqueur, qui estimait la valeur et craignait le désespoir d’un guerrier d’un caractère indomptable. Le grand-duc de Russie s’engagea, par des imprécations solennelles, d’abandonner tous ses

  1. Dans la langue esclavonne, Peristhlaba signifiait la grande ou l’illustre ; μεγαλη και ο‌υσα και λεγομενη, dit Anne Comnène (Alexiade, l. VII, p. 194). D’après sa situation entre le mont Hémus et la partie inférieure du Danube, il paraît qu’elle occupait l’emplacement ou du moins la station de Marcianopolis. On n’est pas embarrassé sur la position de Durostolus ou Dristra, et il est aisé de la reconnaître. (Comment. Acad. Petropol., t. IX, p. 415, 416 ; d’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 307-311.)