Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/103

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mes et des chevaux. Leurs prétentions s’étendirent jusque sur les anciens démembremens de l’Empire romain ; Le Nil et l’Euphrate se trouvaient compris dans leurs partages imaginaires, et heureux était le guerrier qui se trouvait avoir dans son lot le palais du sultan d’Iconium[1]. Je n’entreprendrai point de donner ici leur généalogie ni le détail de leurs possessions ; il me suffit de dire que les comtes de Blois et de Saint-Pol obtinrent le duché de Nicée et la seigneurie de Demotica[2] ; les principaux fiefs furent tenus à la charge du service de connétable, de chambellan, d’échanson, de sommelier et de maître-d’hôtel. Notre historien, Geoffroi de Villehardouin, acquit un riche établissement sur les bords de l’Hèbre, et réunit les offices de maréchal de Champagne et de Romanie. Chaque baron partit à la tête de ses chevaliers et de ses archers, pour s’emparer de son lot ; et la plupart éprouvèrent d’abord peu de résistance ; mais il résulta de cette dispersion une faiblesse générale, et l’on sent combien de querelles devaient s’élever dans un état de choses et parmi des hommes

  1. J’ai adouci l’expression de Nicétas, qui s’efforce de faire ressortir la présomption des Francs. Voyez De rebus, post. C. P., expugnatam, p. 375-384.
  2. Cette ville, environnée par la rivière de l’Hèbre, à six lieues d’Andrinople, reçut des Grecs, à raison de son double mur, le nom de Didymoteichos, qui fut insensiblement changé en celui de Demotica ou Dimot. J’ai préféré le nom moderne de Demotica. Ce fut le dernier lieu qu’habita Charles XII durant son séjour en Turquie.