Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/107

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vait contribuer au salut public, il implora sans scrupule l’alliance du sultan des Turcs. Nicée, où Théodore fixa sa résidence, Pruse, Philadelphie, Smyrne et Éphèse, ouvrirent leurs portes à leur libérateur. Ses victoires et même ses défaites augmentèrent ses forces et sa réputation, et le successeur de Constantin conserva cette portion de l’empire, qui s’étendait depuis les bords du Méandre jusqu’aux faubourgs de Nicomédie, et dans la suite, jusqu’à ceux de Constantinople. L’héritier légitime des Comnène, fils du vertueux Manuel et petit-fils du féroce Andronic, en possédait aussi une faible portion dans une province éloignée : on le nommait Alexis, et le surnom de Grand s’appliquait probablement plus à sa taille qu’à ses exploits. Les Lange, sans craindre son origine, l’avaient nommé gouverneur ou duc de Trébisonde[1] ; sa naissance lui donnait de l’ambition, et la révolution lui valut l’indépendance. Sans changer de titre, il régna paisiblement sur la côte de la mer Noire, depuis Sinope jusqu’au Phase.

  1. Si l’on excepte quelques faits contenus dans Pachymères et Nicéphore Grégoras, et que nous citerons dans la suite, les historiens de Byzance ne daignent point parler de l’empire de Trébisonde ou de la principauté de Lazis. Les Latins n’en font guère mention que dans les romans des quatorzième et quinzième siècles. Cependant l’infatigable Ducange a découvert (Fam. byzant., p. 192) deux passages authentiques dans Vincent de Beauvais (l. XXXI, c. 144) et le protonotaire Ogier (ap. Wadding, A. D. 1279, no 4).