Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/132

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rent l’âme généreuse de son cousin Louis IX ; mais le zèle guerrier du saint roi se portait vers l’Égypte et la Palestine. Baudouin soulagea pour un moment sa pauvreté et celle de son empire par la vente du marquisat de Namur et de la seigneurie de Courtenai, seuls restes de ses états héréditaires[1]. Au moyen de ces expédiens honteux ou ruineux, il conduisit en Romanie une armée de trente mille hommes, dont la terreur doubla le nombre aux yeux des Grecs. Ses premières dépêches aux cours de France et d’Angleterre annoncèrent des succès et des espérances. Il avait soumis tous les alentours de la capitale jusqu’à la distance de trois jours de marche, et la conquête d’une ville importante, mais qu’il ne nomme pas, et que je présume être Chiorli, devait assurer la facilité du passage et la tranquillité de la frontière. Mais toutes ces espérances (supposé que Baudouin ait dit la vérité) s’évanouirent comme un songe ; les troupes et les trésors de France se dissipèrent dans ses mains inhabiles, et l’empereur latin ne trouva d’appui pour son trône que dans une alliance honteuse avec les Turcs et les Comans. Pour sceller son traité, il donna

  1. Louis désapprouva l’aliénation de Courtenai et s’y opposa (Ducange, l. IV, c. 23). Cette seigneurie fait aujourd’hui partie des domaines de la couronne ; mais on l’a engagée pour un terme à la famille de Boulainvilliers. Courtenai, élection de Nemours, dans l’île de France, est une ville qui contient environ neuf cents habitans ; on y voit encore les restes d’un château (Mélanges tirés d’une grande Bibliothéque, t. X, l. V, p. 74-97).