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Succès des Grecs. A. D. 1237-1261.

Les Latins de Constantinople[1] se trouvaient environnés et pressés de toutes parts. La discorde et la division des Grecs et des Bulgares pouvaient seules différer leur destruction ; la politique et la supériorité des armes de Vatacès, empereur de Nicée, leur enlevèrent ce dernier espoir. Depuis la Propontide jusqu’aux rochers de la Pamphilie, l’Asie jouissait, sous son règne, de la paix, et de la prospérité, et les succès de chaque campagne augmentaient son influence dans l’Europe. Il chassa les Bulgares des forteresses situées dans les montagnes de la Macédoine et de la Thrace, et resserra leur royaume, le long des bords du Danube, dans les limites qui le renferment aujourd’hui. L’empereur des Romains ne put souffrir plus long-temps qu’un duc d’Épire, un prince Comnène de l’Occident, prétendît lui disputer ou partager avec lui les honneurs de la pourpre ; Démétrius changea humblement la couleur de ses brodequins, et accepta avec reconnaissance le titre de despote. Sa bassesse et son incapacité révoltèrent ses

  1. On peut suivre dans les troisième, quatrième et cinquième livres de la compilation de Ducange les pertes successives des Latins ; mais il a laissé échapper beaucoup de circonstances relatives aux conquêtes des Grecs, qu’on peut retrouver dans l’histoire plus complète de George Acropolita, et dans les trois premiers livres de Nicéphore Grégoras, deux historiens de l’histoire byzantine, qui ont eu le bonheur d’être publiés par de savans éditeurs, Léon Allatius, à Rome, et Jean Boivin, de l’Académie des inscriptions de Paris.