Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/161

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peut raisonnablement croire descendu de la race des Courtenai de France. Le droit de tutelle autorisait le seigneur suzerain à récompenser son vassal par le mariage d’une riche et noble héritière, et Courtenai acquit de belles possessions dans le Devonshire, où sa postérité réside depuis plus de six cents ans[1]. Havise, l’épouse de Renaud, avait hérité de Baudouin de Briones, baron normand, investi par Guillaume-le-Conquérant, le bien honorifique de Okehampton, qui était tenu à la charge du service de quatre-vingt-treize chevaliers. Elle avait aussi le droit, quoique femme, de réclamer les charges masculines de vicomte héréditaire ou shérif, et de gouverneur du château royal d’Exeter. [Les comtes de Devon.]Robert, leur fils, épousa la sœur du comte de Devon ; environ un siècle après, à l’extinction de la famille des Rivers[2], Hugues II, son petit-fils, hérita du titre qu’on regardait encore comme une dignité territoriale ; et douze comtes de Devon, du nom de Courtenai, fleurirent successivement dans une période de deux cent vingt ans. On les comptait dans le nombre des plus puissans barons du royaume, et ce

  1. Outre le troisième et meilleur livre de l’histoire de Cleaveland, j’ai consulté Dugdale, le père de notre science généalogique (Baronnage, part. I, p. 634-643).
  2. Cette grande famille de Ripuariis, Redvers ou Rivers, s’éteignit sous le règne d’Edouard Ier, dans Isabelle de Fortibus, fameuse et puissante douairière, qui survécut long-temps à son frère et à son mari (Dugdale, Baronnage, part. I, p. 254-257).