Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/212

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quatre[1]. Roger obéit volontiers à l’ordre que lui donna l’empereur d’évacuer une province où il ne restait plus rien à piller, mais il refusa de disperser ses troupes. Sa réponse fut respectueuse, mais sa conduite annonça l’indépendance et la révolte. Le grand-duc protesta que si l’empereur marchait contre lui, il s’avancerait de quarante pas pour baiser la terre devant lui, mais qu’en se relevant de cette humble posture, Roger n’oublierait point que sa vie et son épée étaient au service de ses compagnons. Il daigna accepter le titre de César et les marques de cette dignité, et rejeta la nouvelle proposition du gouvernement de l’Asie, avec un subside de blé et d’argent, à condition qu’il réduirait ses troupes au nombre peu dangereux de trois mille hommes. L’assassinat est la dernière ressource des riches. La curiosité conduisit le nouveau César au palais d’Andrinople, où la cour

  1. J’ai recueilli ces détails dans Pachymères (l. XI, c. 21 ; l. XII, c. 4, 5-8, 14-19), qui fait connaître l’altération graduelle de la monnaie d’or. Même dans les temps les plus heureux du règne de Jean Ducas Vatacès, les byzans étaient composés de moitié or et moitié alliage. La pauvreté de Michel Paléologue le força de frapper de nouvelles monnaies, où il entrait neuf parties ou karats d’or et quinze de cuivre. Après sa mort, le titre monta à dix karats, jusqu’à ce que dans l’excès des calamités publiques, on le réduisit à moitié. Le prince fut soulagé pour un moment ; mais cette ressource passagère anéantit irrévocablement le crédit et le commerce. En France, le titre est de vingt-deux karats et d’un douzième d’alliage, et le titre d’Angleterre et de Hollande est encore plus haut.