Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/239

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cents mulets, cinq cents ânes, cinq mille bêtes à cornes, cinquante mille cochons et soixante-dix mille moutons[1]. Ce précieux détail d’opulence rurale a droit de nous paraître étonnant dans la décadence de l’empire, et principalement dans la Thrace, province successivement dévastée par tous les partis. La faveur dont son maître l’honorait était fort au-dessus de sa fortune. Dans quelques momens de familiarité et durant sa maladie, l’empereur désira détruire la distance demeurée entre eux, et pressa son ami d’accepter la pourpre et le diadème. [Il est nommé régent de l’empire.]Le grand-domestique eut assez de vertu pour résister à cette offre séduisante ; il l’affirme du moins dans son histoire : le dernier testament d’Andronic-le-Jeune le nomma tuteur de son fils et régent de l’empire.

Sa régence est attaquée. A. D. 1341.

Si, pour récompense de ses services, on eût accordé au régent un juste tribut de reconnaissance et de docilité, la pureté de son zèle pour les intérêts de son pupille ne se serait peut-être jamais démentie[2]. Cinq cents soldats choisis gardaient le jeune

  1. En traduisant ce détail, le président Cousin a commis trois erreurs palpables et essentielles ; 1o. il omet les mille paires de bœufs de labour ; 2o. il traduit πεντακοσιαι προς διοχιλιαις par le nombre de quinze cents ; 3o. il confond myriades avec chyliades, et ne donne à Cantacuzène que cinq mille porcs. Ne vous fiez pas aux traductions.
  2. Voyez la régence et le règne de Jean Cantacuzène, et tout le cours de la guerre civile, dans sa propre histoire (l. III, c. 1-100, p. 348-700) et dans celle de Nicéphore Grégoras (l. XII, c. 1 ; l. XV, c. 9, p. 353-492).