Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/266

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dans la querelle de ces deux riches et puissantes républiques[1]. Depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à l’embouchure du Tanaïs, leurs flottes combattirent plusieurs fois sans avantages décisifs, et donnèrent enfin une bataille mémorable dans l’étroite mer qui baigne les murs de Constantinople. Il ne serait pas facile de concilier ensemble les relations des Grecs, des Vénitiens et des Génois[2]. En suivant le récit d’un historien impartial[3], j’emprunterai de chaque nation les faits qui sont à son désavantage ou à l’honneur de ses ennemis. Les Vénitiens, soutenus de leurs alliés, les Catalans, avaient l’avantage du nombre ; et leur flotte, en y comprenant le faible secours de huit galères byzantines, était composée de soixante-quinze voiles. Les Génois n’en avaient pas plus de soixante-quatre ; mais leurs vaisseaux de guerre surpassaient, dans ce siècle, en force et en grandeur, ceux de toutes les puissances maritimes ;

  1. Cantacuzène est encore obscur dans le récit de cette seconde guerre (l. IV, c. 18, p. 24, 25-28, 32) ; il déguise ce qu’il n’ose nier. Je regrette cette partie de Nicéphore Grégoras, qui est encore en manuscrit à Paris.
  2. Muratori (Annali d’Italia, t. XII, p. 144) renvoie aux anciennes Chroniques de Venise (Caresinus, continuateur d’André Dandolo, t. XII, p. 421, 422) et de Gènes (George Stella, Annales genuenses, l. XVII, p. 1091, 1092). Je les ai consultées soigneusement l’une et l’autre dans sa grande Collection des Historiens de l’Italie.
  3. Voyez la Chronique de Matthieu Villani de Florence (l. II, c. 59, 60, p. 145-147 ; c. 74, 75, p. 156, 157, dans la Collection de Muratori, t. XIV).