Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/268

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ploie son éloquence à réconcilier les deux puissances maritimes, les deux flambeaux de l’Italie. L’orateur célèbre la valeur et la victoire des Génois, qu’il considère comme les plus habiles marins de l’univers, et déplore le malheur de leurs frères les Vénitiens. Il les engage à poursuivre avec la flamme et le fer les vils et perfides Grecs, et à purger la capitale de l’Orient de l’hérésie dont elle est infectée. Abandonnés de leurs alliés, les Grecs ne pouvaient plus espérer de faire résistance : trois mois après cette bataille navale, l’empereur Cantacuzène sollicita et signa un traité par lequel il bannissait pour toujours les Catalans et les Vénitiens, et accordait aux Génois tous les droits du commerce et presque de la souveraineté. L’empire romain (on ne peut s’empêcher de sourire en lui donnant encore ce nom) serait bientôt devenu une dépendance de Gènes, si l’ambition de cette république n’eût pas été arrêtée par la perte de sa liberté et la destruction de sa marine. Une longue rivalité de cent trente ans se termina par le triomphe de Venise ; et les factions des Génois forcèrent leur nation à chercher la paix domestique sous la domination d’un maître étranger, du duc de Milan ou du roi de France. Cependant, en renonçant aux conquêtes, les Génois conservè-

    Quoique attaché au duc de Milan, Pétrarque ne cache ni sa surprise ni ses regrets de la défaite et du désespoir des Génois dans l’année suivante (p. 323-332).