Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frère et lieutenant des deux empereurs Mangou et Cublai, acheva celle de l’Iran ou de la Perse, Sans entrer dans le détail monotone d’une foule de sultans, d’émirs ou d’atabeks qu’il écrasa sous sa puissance, j’observerai seulement la défaite et la destruction des Assassins ou Ismaélites[1] de la Perse, destruction qu’on peut regarder comme un service rendu à l’humanité. Ces odieux sectaires avaient régné durant plus de cent soixante ans avec impunité dans les montagnes situées au sud de la mer Caspienne, et leur prince ou iman nommait un lieutenant pour conduire et gouverner la colonie du mont Liban, si formidable et si fameuse dans l’histoire des croisades[2]. Au fanatisme du Koran, les Ismaélites joignaient les opinions indiennes de la transmigration des âmes, et les visions de leurs propres prophètes. Leur premier devoir était de dévouer aveuglément leur âme et leur corps aux ordres du vicaire de Dieu. Les poignards de ses missionnaires se firent sentir dans l’Orient et l’Occident. Les chrétiens et les musulmans comptent un grand nombre d’illustres victimes

  1. Tout ce qu’on peut savoir relativement aux Assassins de la Perse et de la Syrie, est dû à M. Falconet. Voyez ses deux Mémoires lus à l’Académie des inscriptions, dans lesquels il a versé une érudition surabondante (t. XVII, p. 127-170).
  2. Les Ismaélites de Syrie ou Assassins, au nombre de quarante mille, avaient acquis ou élevé dix forteresses dans les montagnes au-dessus de Tortose. Ils furent exterminés par les Mamelucks vers l’an 1280.