Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et augmentait son armée de captifs et de volontaires. Au lieu de se retirer dans les montagnes, Othman conservait tous les postes utiles et susceptibles de défense ; après avoir pillé les villes et les châteaux, il en réparaît les fortifications, et préférait, à la vie errante des nations pastorales, les bains et les palais des villes qu’il commençait à se former. Ce ne fut cependant que vers la fin de sa vie, lorsqu’il était accablé par l’âge et les infirmités, qu’Othman eut la joie d’apprendre la conquête de Pruse, dont la famine ou la perfidie avait ouvert les portes à son fils Orchan. La gloire d’Othman est principalement fondée sur celle de ses descendans ; mais les Turcs ont conservé de lui ou composé, en son nom, un testament qui renferme des conseils remplis de justice et de modération[1].

  1. J’ignore si les Turcs ont des historiens plus anciens que Mahomet II, et je n’ai pu remonter au-delà d’une assez maigre chronique (Annales Turcici ad annum, 1550), traduite par Jean Gaudier, et publiée par Leunclavius (ad calcem Laonic. Chalcocondyles, p. 311-350), avec de copieux Commentaires. L’histoire des progrès et des déclins de l’empire ottoman (A. D. 1300-1683) a été traduite en anglais du manuscrit de Démétrius Cantemir, prince de Moldavie (Londres, 1734, in-folio). L’auteur est sujet à de fortes méprises relativement à l’histoire orientale ; mais il paraît instruit de l’idiome, des Annales et des institutions des Turcs. Cantemir tire une partie de ses matériaux de la Synopsis de Saadi, Effendi de Larisse, dédié en 1696 au sultan Mustapha, qui est un abrégé précieux des écrivains originaux. Le docteur Johnson fait l’éloge de