Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/310

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mence d’un prince qui avait su s’attacher volontairement les Turcs de l’Asie. Orchan se borna modestement au titre d’émir. [Division de l’Anatolie entre les émirs turcs. A. D. 1300, etc.]Parmi les princes de Roum et de l’Anatolie[1], quelques-uns lui étaient supérieurs en forces militaires ; les émirs de Ghermian et de Caramanie avaient l’un et l’autre à leurs ordres une armée de quarante mille hommes : placés au centre du royaume des Seljoucides, ils ont fait moins de bruit dans l’histoire que les saints guerriers qui, bien qu’inférieurs en puissance, se firent connaître en formant de nouvelles principautés dans l’empire grec. Les pays maritimes, depuis la Propontide jusqu’au Méandre et à l’île de Rhodes, si long-temps menacés et si souvent pillés, en furent démembrés irrévocablement sous le règne d’Andronic l’ancien[2]. [Perte des provinces asiatiques. A. D. 1312, etc.]Deux chefs turcs, Aidin et Sarukhan, donnèrent leur nom à leurs conquêtes ; et ces conquêtes passèrent à leur postérité ; ils asservirent ou ruinèrent les sept Églises de l’Asie ; et ces maîtres barbares foulent encore en Lydie et en Ionie les antiques monumens du christianisme. En perdant Éphèse, les chrétiens déplorèrent la chute du premier ange et l’extinction du premier flambeau des révélations[3]. La destruction est

  1. La division des émirs turcs est extraite de deux contemporains, du Grec Nicéphore Grégoras (l. VII, 1) et de l’Arabe Marakeschi (de Guignes, t. II, part. II, p. 76, 77). Voyez aussi le premier livre de Laonicus Chalcocondyles.
  2. Pachymères, l. XIII, c. 13.
  3. Voy. les Voyages de Wheeler et de Spon, de Pococke et de Chandler, et principalement les Recherches de Smith