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faire sentir sa faute, en refusant son témoignage dans une cause civile. On trouve assez fréquemment dans l’histoire orientale ce mélange de servitude et de liberté[1].

Règne de Bajazet Ier ou Ilderim. A. D. 1389-1403. 9 mars.

Le caractère de Bajazet, fils et successeur d’Amurath, se peint fortement dans le surnom qui lui fut donné d’Ilderim ou l’Éclair ; et il put s’enorgueillir d’une épithète qui exprimait l’ardente énergie de son âme et la rapidité de ses marches destructives. Durant les quatorze années de son règne[2], Bajazet courut sans cesse à la tête de ses armées, de Bursa à Andrinople, du Danube à l’Euphrate ; et quoique très-zélé pour la propagation de sa religion, il attaqua indistinctement, en Europe et en Asie, les princes chrétiens et les mahométans, et réduisit sous

  1. Voyez la vie et la mort de Morad ou Amurath Ier dans Cantemir (p. 33-45), le premier livre de Chalcocondyles et les Annales turques de Leunclavius. Une autre histoire rapporte que le sultan fut poignardé dans sa tente par un Croate, et l’on allégua cet accident à Busbequius (ep. I, p. 98) comme une excuse de la précaution insultante dont on usait avec les ambassadeurs, qui n’étaient admis à la présence du souverain qu’accompagnés de deux gardes, qui, placés à leur droite et à leur gauche, tendaient chacun un de leurs bras.
  2. L’histoire du règne de Bajazet Ier ou Ilderim Bayazid, se trouve dans Cantemir (p. 46), dans le second livre de Chalcocondyles et les annales turques. Le surnom d’Ilderim ou Éclair semble prouver que les conquérans et les poètes ont dans tous les temps senti la vérité du système qui établit la terreur pour principe du sublime.