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acre, en affectant une seule fibre d’un seul homme, peut suspendre les malheurs et la ruine des nations.

Croisade et captivité des princes français. A. D. 1396-1398.

Tel est le tableau général de la guerre de Hongrie ; mais nous devons à la désastreuse aventure des Français quelques mémoires qui font connaître le caractère de Bajazet et les circonstances de sa victoire[1]. Le duc de Bourgogne, souverain de la Flandre et oncle de Charles VI, n’avait pu retenir l’ardeur intrépide de Jean son fils, comte de Nevers, qui partit accompagné de quatre princes ses cousins et ceux du monarque français. Le sire de Couci, un des meilleurs et des plus vieux capitaines de la chrétienté, guidait leur inexpérience[2] ; mais l’armée, commandée par un connétable, un amiral et un maré-

  1. Je n’aurais point à me plaindre des peines et des soins qu’exige cet ouvrage, si je pouvais tirer tous mes matériaux de livres semblables à la chronique de l’honnête Froissard (vol. IV, c. 67-69, 72-74, 79-83, 85-87, 89), qui lisait peu, faisait beaucoup de questions, et croyait tout. Les Mémoires du maréchal de Boucicault (part. I, c. 22-28) ajoutent quelques faits ; mais ils paraissent secs et incomplets, lorsqu’on les compare à l’agréable loquacité de Froissard.
  2. Le baron de Zurlauben (Hist. de l’Acad. des inscript., t. XXV) a donné des Mémoires complets de la vie d’Enguerrand VII, sire de Couci. Il jouissait également d’un rang distingué et de possessions considérables en France et en Angleterre. En 1375, il conduisit dans la Suisse un corps d’aventuriers pour recouvrer un vaste patrimoine qu’il prétendait lui appartenir comme héritier de sa grand-mère, fille de l’empereur Albert Ier d’Autriche (Sinner, Voyage dans la Suisse occidentale, t. I, p. 118-124.)