nois et les Pisans, leurs rivaux, occupaient, à la vérité, la partie occidentale de la Méditerranée, depuis la Toscane jusqu’à Gibraltar ; mais Venise acquit de bonne heure une forte part dans le commerce lucratif de la Grèce et de l’Égypte ; ses richesses s’augmentaient en proportion des demandes de l’Europe ; ses manufactures de glaces et de soies, et peut-être l’institution de sa banque, sont de la plus haute antiquité, et les fruits de l’industrie brillaient dans la magnificence de la république et des particuliers. Lorsqu’il s’agissait de maintenir l’honneur de son pavillon, de venger ses injures ou de protéger la liberté de la navigation, la république pouvait lancer et armer en peu de temps une flotte de cent galères, qu’elle employa successivement contre les Grecs, contre les Sarrasins et contre les Normands ; elle fut d’un grand secours aux Francs dans leur expédition sur les côtes de la Syrie. Mais le zèle des Vénitiens n’était ni aveugle ni désintéressé ; après la conquête de Tyr, ils partagèrent la souveraineté de cette ville, le premier entrepôt d’un commerce universel. On apercevait dans la politique de cette république, l’avarice d’un peuple commerçant et l’insolence d’une puissance maritime.