Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/391

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rent tous le même sort. Ces fréquentes exécutions semblent annoncer que la mort du véritable Mustapha n’était pas bien constatée. [2o. Isa.]2o. Lorsque son père eut été réduit en captivité, Isa[1] régna sur les pays voisins d’Angora, de Sinope et de la mer Noire ; et Timour renvoya ses ambassadeurs chargés de présens et d’honorables promesses : mais leur maître, victime de la jalousie de son frère le souverain d’Amasie, perdit bientôt ses provinces et la vie ; et l’événement définitif de leur querelle donna lieu d’observer, par une pieuse allusion, que la loi de Moïse et de Jésus, d’Isa et de Mousa, avait été abrogée par l’autorité supérieure de Mahomet. [3o. Soliman. A. D. 1403-1410.]3o. On ne compte point Soliman au nombre des empereurs turcs ; il arrêta cependant les progrès des Mongouls, et après leur retraite réunit quelques instans les trônes d’Andrinople et de Bursa. Brave, actif et heureux à la guerre, il joignait la clémence à l’intrépidité ; mais il se laissait entraîner par la présomption et corrompre par l’intempérance et l’oisiveté. Il relâcha la discipline dans un gouvernement où le sujet, s’il ne tremble pas, doit faire trembler le souverain. Ses vices aliénèrent les chefs de l’armée et de la loi ; et l’ivresse dont il faisait habitude, honteuse dans un homme et à plus forte raison dans un prince, était doublement odieuse chez un disciple de Mahomet.

  1. Arabshah (t. II, c. 26), dont le témoignage en cette occasion est irrécusable. Sherefeddin atteste aussi l’existence d’Isa, dont les Turcs ne parlent point.