Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/417

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même temps que le bien de toute la chrétienté. Mes états offriront aux armées françaises un passage libre et sûr ; mes troupes, mes galères et mes trésors seront consacrés à la cause commune, et mon sort serait digne d’envie si je pouvais mériter et obtenir la couronne du martyre. Je tâcherais en vain de vous peindre l’ardeur avec laquelle je désire la réunion des membres épars de Jésus-Christ, Si ma mort pouvait y servir, je présenterais avec joie ma tête et mon épée. Si ce phénix spirituel devait naître de mes cendres, j’élèverais mon bûcher et je l’allumerais de mes propres mains. » L’empereur grec osa cependant observer que c’était l’orgueil et la précipitation des Latins qui avaient introduit les articles de foi sur lesquels se divisaient les deux Églises. Il blâma la conduite servile et tyrannique du premier Paléologue, et déclara qu’il ne soumettrait sa conscience qu’aux décrets libres d’un synode général. « Les circonstances, continua-t-il, ne permettent ni au pape ni à moi de nous réunir à Rome ou à Constantinople ; mais on peut choisir une ville maritime sur les frontières des deux empires, pour assembler les évêques et instruire les fidèles de l’Orient et de l’Occident. » Les nonces parurent satisfaits de ces propositions, et Cantacuzène affecta de déplorer la perte de ses espérances, qui furent bientôt détruites par la mort de Clément et les dispositions différentes de son successeur. Quant à lui, il vécut long-temps encore, mais dans un cloître, d’où l’humble moine ne put, si ce