Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/445

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plaisir de voir les puissances ecclésiastiques de l’Occident rechercher à l’envi son amitié. Mais l’artificieuse activité d’un monarque l’emporta sur la lenteur et l’inflexibilité qui forment le caractère des républiques. Les décrets de Bâle tendaient continuellement à limiter le despotisme du pape, et à élever dans l’Église un tribunal suprême et permanent. Eugène portait le joug avec impatience, et l’union des Grecs lui fournissait un prétexte décent pour transporter du Rhin sur le Pô un synode indocile et factieux. Au-delà des Alpes, les pères n’espéraient plus de conserver leur indépendance. La Savoie ou Avignon, qu’ils acceptèrent avec répugnance, étaient regardés à Constantinople comme situés fort au-delà des colonnes d’Hercule[1]. L’empereur et son clergé redoutaient les dangers d’une longue navigation ; ils s’offensèrent de l’orgueilleuse déclaration par laquelle le concile annonça qu’après avoir anéanti la nouvelle hérésie des Bohémiens, il déracinerait bientôt l’ancienne hérésie des Grecs[2]. Du côté d’Eu-

  1. À la fin de la traduction latine de Phranza on trouve une longue épître grecque, ou déclamation de George de Trébisonde, qui conseille à Paléologue de préférer Eugène et l’Italie. Il parle avec mépris de l’assemble schismatique de Bâle, des Barbares de la Gaule et de l’Allemagne, qui s’étaient ligués pour transporter la chaire de saint Pierre au-delà des Alpes : οι αβλιοι (dit-il) σε και την μετα σο‌υ συνοδον εξα των Ήρακλειων ςηλαν και περα Γαδηρων εξαξο‌υσι N’y avait-il donc point de carte géographique à Constantinople ?
  2. Syropulus (p. 26-31) exprime son indignation et