Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/454

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les armes. L’assemblée peu nombreuse du concile de Ferrare dissipa l’illusion. Les Latins ouvrirent la première session avec cinq archevêques, dix-huit, évêques et dix abbés, dont le plus grand nombre étaient sujets ou compatriotes du pontife italien. Excepté le duc de Bourgogne, aucun des souverains de l’Occident ne daigna paraître ou envoyer des ambassadeurs ; et il n’était pas possible de supprimer les actes judiciaires de Bâle contre la personne et la dignité d’Eugène, qui se terminèrent par une nouvelle élection. Dans ces circonstances, Paléologue demanda et obtint un délai qui pût lui donner le temps d’obtenir des Latins quelque avantage temporel pour prix d’une union désapprouvée de ses sujets ; après la première séance, les débats publics furent remis à six mois. L’empereur, suivi d’une troupe de favoris et de janissaires, passa l’été dans un vaste monastère situé agréablement, à six milles de Ferrare. Oubliant dans les plaisirs de la chasse les querelles de l’Église et les calamités de l’état, il ne s’occupa qu’à détruire le gibier, sans écouter les justes plaintes du marquis et des laboureurs[1]. Pendant ce temps, ses malheureux Grecs souffraient tous les

  1. Pour les chasses de l’empereur, voy. Syropulus (p. 143, 144-191). Le pape lui avait envoyé onze mauvais faucons ; mais il acheta un excellent coureur amené de Russie. On sera peut-être surpris de trouver ce nom de Janissaires, mais les Grecs adoptèrent ce nom des Ottomans, sans en imiter l’institution ; et on en lit souvent usage dans le dernier siècle de l’empire grec.