Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/456

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férence ; et ce ne fut qu’avec une répugnance extrême qu’ils consentirent à suivre à Florence le synode fugitif. Mais cette nouvelle translation était inévitable, la peste était à Ferrare : on soupçonnait la fidélité du marquis ; les troupes du duc de Milan approchaient de la ville ; et comme elles occupaient la Romagne, ce ne fut pas sans peine et sans danger que le pape, l’empereur et les prélats, trouvèrent un chemin à travers les sentiers peu fréquentés de l’Apennin[1].

Mais la politique et le temps surmontèrent tous ces obstacles. La violence des Pères de Bâle contribua aux succès d’Eugène. Les nations de l’Europe détestèrent le schisme, et rejetèrent l’élection de Félix V, successivement duc de Savoie, ermite et pape. Les plus puissans des princes se rapprochèrent de son rival, et passèrent insensiblement de la neutralité à un attachement sincère. Les légats, suivis de quelques membres respectables, désertèrent vers les Romains, qui virent augmenter chaque jour leur nombre et ramener l’opinion publique. Le concile de Bâle se trouva réduit à trente-neuf évêques et trois cents membres du clergé inférieur[2] ; tandis

  1. On trouve une relation claire et exacte des guerres d’Italie dans le quatrième volume des Annales de Muratori. Il paraît que le schismatique Syropulus (p. 145) a exagéré les craintes et la précipitation du pape, dans sa retraite de Ferrare à Florence. Les actes prouvent qu’elle fut assez tranquille, et qu’elle se fit d’une manière convenable,
  2. Syropulus compte sept cents prélats dans le concile de